Il y a vingt ans jour pour jour, Jack Wilshere fêtait ses un mois et une semaine alors que la mère de Neymar, 3 jours, sortait tout juste de la maternité. A Oldham, une petite ville de la grande banlieue de Manchester, un certain Eric Cantona faisait ses débuts dans le football anglais sous les couleurs de Leeds United, en remplacement de Steve Hodge. Débuts ratés avec une défaite 2-0 mais surtout le début d'une renaissance pour le natif de Marseille, que les médias anglais ne cessent de célébrer aujourd'hui.
Une seconde carrière
Dans les nombreuses péripéties du futur King, sa première retraite sportive en décembre 1991 à la suite d'une altercation verbale avec les membres de la commission de discipline de la FFF alors qu'il portait les couleurs de Nîmes, fut décisive pour la suite de sa carrière. Sur les conseils de Michel Platini, alors sélectionneur de l'équipe de France, l'ancien marseillais pensait pouvoir relancer sa carrière chez nos voisins anglais. Après un essai infructueux du côté de Sheffield Wednesday, c'est finalement à Leeds qui Canto signe dans les dernières heures du mois de janvier 1992, un peu à la surprise générale. La future idole ne parle alors pas un mot d'anglais, mais cela ne l'empêche pas de rapidement devenir une attraction pour les supporters des Peacocks. Celui que l'Angleterre surnommera "King Eric" ne s'est toutefois pas adapté au football anglais en quelques heures. Jusqu'au mois de mars, il tarde à s'imposer, jusqu'à un certain match contre Tottenham où tout juste sorti du banc, il livre une passe décisive à Gary McAllister, et Leeds l'emporte, prenant par la même occasion la tête du championnat. Dans le mano à mano dans lequel s'opposent Peacocks et Red Devils, Canto jouera un rôle décisif dans l'obtention du championnat, le premier depuis près de 18 ans pour Leeds. Lors de la célébration du titre, il se livre à une déclaration devenue célèbre "I love you, I don't know why, but I love you". C'est le début de la Cantomania. En novembre de cette même année, il signe à United, et on connait la suite.
L'idole et le professionnel
Un sondage du Daily Telegraph encore en cours au moment de la rédaction de cet article faisait même de Cantonna le meilleur joueur étranger de l'histoire du football anglais avec près de 40% des suffrages, soit près du double de Thierry Henry, second. Cristiano Ronaldo complète le podium avec "seulement" 17%. Les faits sont là, Canto reste une idole outre-manche alors que la plupart des français ne voient en lui qu'un simple agitateur. Il n'était pourtant pas le joueur le plus technique ou le plus rapide du championnat, ne fut jamais performant sur la scène européenne, mais l'aura de l'ancien mancunien reste énorme. Il demeure l'un des pionniers étrangers du football anglais, en faisant rentrer la Premier League dans une nouvelle dimension comme le feront également Peter Smeichel, Denis Bergkamp ou Gianfranco Zola. Jusque là, la plupart des étrangers évoluant dans l'élite anglaise étaient scandinaves ou d'Europe de l'Est, jamais un étranger d'Europe occidentale n'avait connu tel succès. Mark Ogden le résume parfaitement, jusque là, "Le football anglais était ... anglais", c'est à dire encore largement teinté d'amateurisme dans l'attitude des joueurs (le pub du mercredi après-midi était devenu une institution) et peu cosmopolite. Loin de ce qu'il est aujourd'hui, et Canto en fut clairement le catalyseur, il a rendu la Premier League plus glamour. Bûcheur, il a aussi changé le mode d'entrainement de la plupart des clubs qui ne s’entraînaient alors que le matin, en continuant à perfectionner sa technique sur le terrains d'entrainement dans la journée. La génération dorée des Three Lions - David Beckham, Paul Scholes, les frères Neville - s'est inspirée de ses méthodes. Sans lui, le football anglais n'en serait probablement pas là.
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