7 février 2012

Qui es tu fair-play financier ?

Michel Platini

Adopté en juin 2010 et mesure phare du second mandat de Michel Platini à la tête de l'UEFA, le fair-play financier sera mis en application sous peu. Pour l'ancien meneur de la Juventus, il doit "sauver le football" en mettant l'équité financière et sportive au coeur de l'avenir du football européen. Alors si toi aussi t'as pas fait de bac ES et que tu comprends pas grand chose à l'économie, cet article est fait pour toi.


Crise financière globale
Comme les Etats, la plupart des clubs de foot sont criblés de dettes. Fin janvier, une enquête de l'UEFA révélait qu'à la fin de l'exercice 2010, les équipes européennes avaient perdu au total près de 1,6 milliards d'euros, soit une hausse de 33% par rapport à la saison dernière, élevant le niveau de leur dette globale à 8,4 milliards d'euros. Encore plus alarmant, près de la moitié des 665 clubs qui ont communiqué leurs résultats financiers à l'institution majeure du football européen reconnaissent avoir perdu de l'argent Mais surtout, avec le fair-play financier, l'ancien 10 de la Juventus et des Bleus compte rétablir l'équité des compétitions. Les champions du football européens sont en effet également les champions de l'endettement. A l'issue de la saison 2009-2010, Manchester United affichait une dette colossale de 816M, Chelsea 798M, alors que le Real et le Barca pointaient respectivement à 337M et 311M d'euros. La Bundesliga et la Ligue 1, qui sous l'égide la DNCG ne compte au total "que" 46M de perte sur la dernière saison, sont déjà bien avancés dans ce domaine de la gestion des dettes et devraient donc bénéficier de cette mesure. 

Vers l'équité sur le long terme
Sur son site, l'UEFA précise les objectifs de cette mesure. Comme pour la finance globale, ce fair-play financier doit limiter l'inflation qui frappe en ce moment le football européen (en gros, peu de chance qu'un club dépense encore près de 42M pour Andy Carroll). En introduisant plus de rationalité et de discipline dans les finances de ces clubs, l'UEFA espère aussi que les clubs se lancent dans des investissements à long terme, et notamment sur la jeunesse. Les investissements inhérents à la formation des joueurs ne rentreront ainsi pas en compte dans le calcul de la dette. De manière plus logique, les clubs seront obligés d'honorer les salaires des joueurs sous peine de sanctions encore plus dures. Mais ce retour à l'équilibre ne se fera pas en une semaine, il faudra du temps. Entre 2013 et 2015, les pertes pourront ainsi atteindre 45M d'euros, puis 30M jusqu'en 2018, date à laquelle ce chiffre sera réduit à 5M. Surtout, afin de forcer les dirigeants à rééquilibrer leurs comptes, à partir de 2014, tout club qui dépense plus qu'il ne gagne sera soumis à différentes sanctions : amende, limitation du nombre de joueurs participant aux compétitions européennes jusqu'à l'interdiction totale de participer à ces dernières.

Seulement un premier pas ?
La question de la dette originelle n'est pas cependant pas réglée. Si un club comme Manchester est le plus endetté sur le vieux continent, il n'aurait pas été pénalisé pour la saison 2010-2011 où ses pertes totales ne dépassaient pas les 35M d'euros. Aussi ces mesures ne concernent logiquement que les clubs européens. Quid donc des équipes en dehors du Vieux Continent ? Les pays du Golfe à l'image du Qatar pourraient aussi largement en bénéficier en n'ayant aucune limite salariale, alors que l'Inde, et surtout la Chine font figure de nouveaux eldorados pour tout joueur en quête de liquidité. Sans toutefois surestimer ce point, l'Europe restera le centre névralgique du football mondial. Mais à l'heure où la tendance est à l'internationalisation du football, le fair-play financier devra passer à une échelle mondiale pour être à 100% efficace. Enfin, vu qu'il ne sera pas appliqué avant la saison 2013-2014, le prochain mercato estival risque d'être bien agité pour les grosses écuries européennes, avant de se serrer la ceinture ... Quant à la possibilité de voir le Rapid Bucarest remporter la C1, pas grand chose à craindre, comme l'exprime Christophe Durand, professeur de management du sport à l'université de Caen "Si les gens sont prêts à donner de l'argent, ils y arriveront toujours", ajoutant que "les mécènes de grandes équipes européennes peuvent passer par le sponsoring pour éponger les dettes."

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