19 mars 2012

Kharkiv, le petit poucet de l'Europe

La Ligue des Champions a l'Apoel Nicosie, l'Europa League a le Metalist Kharkiv. Si on a jusque là beaucoup parlé de la razzia des clubs espagnols sur la compétition, les Ukrainiens sont eux passés inconito jusqu'aux quart de finale où ils affronteront le Sporting. Un nom qui flair la bonne vieille ville soviétique, les travailleurs à chapeaux gris et aux chaussures à fermeture éclair, mais en réalité une cité en plein essor où se sont installés depuis quelques années avec succès de redoutables danseurs de tango.


Dans l'ombre du Shaktar et du Dynamo
Depuis la saison 1996-1997, les deux géants de Donetsk et de Kiev archidominent le football ukrainien en trustant les deux premières places. Même si le seul trophée à son palmarès demeure une coupe d'URSS en 1988, le Metalist, c'est un peu la troisième voie possible. Sur la dernière marche du podium depuis cinq ans à distance respectable du duo de tête toutefois, les jaunes et bleus peuvent cette année se vanter d'être la dernière équipe ukrainienne encore en course dans une compétition européenne. Le Shaktar éliminé en phase de poule de la Ligue des Champions dans un poule où la qualification semblait pourtant à leur portée et le Dynamo n'ayant pas non plus franchit ce tour mais en Europa League (après une élimination au tour préliminaire de la C1 face au Rubin Kazan), tous les espoirs reposent depuis sur la petite et quasi-anonyme équipe de Kharkiv.

Mais sur la scène européenne, le "Metal" n'est pas pour autant un novice. Pour sa cinquième participation consécutive, le club affiche un bilan honorable avec un seizième de finale l'année dernière mais aussi un huitième de finale en 2009, le tout ponctué par des victoires de prestige contre le Besiktas, Galatasaray, Benfica, la Sampdoria, et donc désormais l'Olympiakos, qui était pourtant à quelques secondes de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions il y a plusieurs semaines. Auparavant, les Ukrainiens s'étaient déjà payé le scalp de Sochaux au tour préliminaire, mais aussi du Red Bull Salzbourg, tombeur du PSG en phase de poule, sur le score total de 8-1 en seizième de finale. Mieux, avec 25 buts marqués depuis le début de la phase de poule, le club ukrainien affiche même le meilleur bilan de toutes les équipes dans cette petite coupe d'Europe. En effet, à la frontière russo-ukrainienne, un groupe mené par plusieurs sud-américains fait des ravages depuis quelques années.

Les gauchos du fin fond de l'Ukraine
Et comme pour le Shaktar Donetsk, racheté en 1996 par le milliardaire Rinat Akhmetov, le Metalist est également propriété d'un richissime homme d'affaire, Oleksandr Yaroslavsky, un gamin de la ville de l'Est de l'Ukraine. Derrière ses airs de mafieux, cet homme d'affaire proche de Roman Abramovitch a fait fortune en revendant ses actions dans la Banque de Kharkov lors de son passage sous la tutelle de BNP Paribas, pour près de 700M de dollars, avant de réinvestir notamment dans l'immobilier dans sa région natale. Le tout dans l'objectif de faire rayonner la cité à l'occasion de l'Euro 2012 ... Avec ses 1,5M d'habitants, Kharkiv n'est pas un centre industriel typique (ou cliché ?) d'ex-URSS comme l'est Donetsk, bien au contraire, elle représente l'un des pôles culturels majeurs de la région. Sous l'égide de Yaroslavsky et en prévision du championnat d'Europe, la ville s'est même enrichi de nombreux hôtel et a modernisé une grande partie de ses infrastructures, de l'aéroport au stade.

Côté sportif, si Donetsk a ses brésiliens, Kharkiv a ses argentins. Ils sont ainsi six parmi le groupe professionnel. Le plus connu du grand public est certainement José Ernesto Sosa, ancien meneur de jeu du Bayern Munich et de Naples, et médaillé d'or avec la sélection argentine aux JO de 2008. Mais au delà ces joueurs qui ne sont jamais parvenu à s'imposer dans un grand club européen (tout comme Marco Torsiglieri, ancien du Sporting Lisbonne) se sont greffés des joueurs qui découvrent le Vieux Continent. A l'image de l'attaquant Jonathan Cristaldo, 23 ans et déjà 12 buts depuis le début de la saison, mais aussi appelé pour la première fois en équipe nationale l'année dernière, ils sont de plus en plus nombreux à migrer vers l'Est de l'Ukraine. Ces deux dernières années ont ainsi atterris à Kharkiv l'arrière gauche Cristian Villagra (ex-River Plate), le jeune meneur Sebastian Blanco (ex-Lanus) et le milieu défensif Juan Manuel Torres (ex-San Lorenzo). Bien épaulés par cinq brésiliens dont le dribbleur fou Taison, le neo-international ukrainien Edmar et surtout le capitaine Cleiton Xavier, les hommes de Myron Markevich (qui se dit inspiré par Fabio Capello et Carlo Ancelotti) pourraient bien faire parler d'eux ces prochaines années ... A côté, les Ukrainiens font pâle figure : seul l'attaquant Andrei Vorobey compte près de 68 sélections avec l'Ukraine, mais aucune depuis son arrivée au Metalist, alors que l'attaquant d'origine serbe Marko Devych devrait faire partie des 23 pour l'Euros. Un cache misère du football ukrainien ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire