Auteur d'un très bon Euro, l'Italie s'est pourtant inclinée lourdement face à l'Espagne en finale (défaite 4-0). La nazionale n'y était pas, émoussée par ses deux derniers matchs de très haut niveau face à l'Angleterre et à l'Allemagne. L'Espagne était plus forte hier, du gardien aux attaquants et c'est plus que logiquement qu'elle est parvenue à réaliser un triplé historique Euro/Coupe du monde/Euro. Pourtant, beaucoup de choses ne sont pas à jeter dans cette Squadra Azzurra qu'on ne donnait pas en finale avant le début de la compétition.
Un parcours en crescendo
C'est
pleine de doutes que l'Italie entre dans l'Euro le 10 juin dernier.
Battue sévèrement par la Russie en match de préparation (3-0), on
ne donnait pas cher de la peau des Transalpins. Prandelli, qui
s'appuyait jusque là sur un 4-3-1-2 avec un poste de "faux
n°10" occupé par Montolivo, est obligé de changer dans
l'urgence de système de jeu. Il opte pour un 3-5-2 calqué sur celui
de la Juventus qui a fait succès cette saison. Le résultat est
probant puisque l'équipe montre un tout autre visage lors de son
premier match de la compétition face à...l'Espagne, passant même
tout près de l'exploit (score final : 1-1). Les joueurs de la
Juventus présents dans le onze de départ italien font tous bonne
impression, même la surprise Giaccherini qui faisait son baptême du
feu ce jour là.
La
confiance semble retrouvée et c'est logiquement que le technicien
italien reconduit son 3-5-2 face à la Croatie. Mais les joueurs
des Balkans tiennent en échec les Italiens, qui menaient
pourtant 1-0 après un sublime coup-franc de Pirlo (1-1). Lors
du dernier match de poule, les Azzurri après avoir
ouvert le score par l'intermédiaire de Cassano, souffrent face à
une valeureuse équipe d'Irlande. Il faudra une inspiration de
SuperMario Balotelli en fin de match et une victoire dans le même
temps de l'Espagne face à la Croatie, pour sceller le sort des
coéquipiers de Pirlo et propulser l'équipe vers les quarts de
finale.
A
ce stade de l'Euro, la nazionale est galvanisée et
joue un football qui fait l'unanimité tout en repassant à un 4-3-1-2. Elle livre un match maîtrisé
face à l'Angleterre, dont elle disposera après une séance de tir
au but (0-0 ; 4-2 ap tab) et elle s'impose sans grand soucis face à
l'Allemagne, qui n'aura que très peu existé durant la partie (2-1).
L'Italie est rayonnante à l'image d'un Pirlo tout simplement
somptueux, que les médias italiens voient déjà comme le futur
Ballon d'Or 2012 et de Mario Balotelli, qui semble avoir franchi un
cap en inscrivant un doublé face à la Mannschaft.
Malheureusement,
arrivée pleine de certitudes mais aussi très fatiguée au stade de
la finale de ce championnat d'Europe, l'Italie tombe sur plus forte
qu'elle : une Espagne qui n'a pas fait un grand Euro mais qui est
beaucoup plus fraîche que son homologue transalpin (trois jours de
récupérations de différence sur l'ensemble de la compétition). Et
cela suffit à faire la différence, puisque l'Espagne mène déjà
2-0 au bout de la 41e minute. La rencontre est pliée à la 61e
minute lorsque Thiago Motta, qui vient d'entrer en jeu, se claque et
laisse ses coéquipiers à dix, les trois changements de l'Italie
étant déjà effectuées. Au final la Roja s'impose
4-0, score assez sévère. L'Italie n'aura rien pu faire : cette
Espagne là était trop forte et un peu chanceuse, il faut le dire.
De l'expérience emmagasinée
Si
l'on peut retenir un point positif c'est bien celui là. En effet
dans cette sélection, onze joueurs, Balotelli en tête, disputaient
leur première compétition internationale avec la sélection A et
d'autres comme Marchisio, Montolivo ou encore Bonucci en étaient à
leur deuxième avec l'équipe nationale. L'Euro aura donc été très
utile en vue du mondial 2014 au Brésil, car rappelons le, les
objectifs de Prandelli, qui a pris la tête de la nazionale en
2010, se tablent sur quatre ans et non deux ans.
Certains
joueurs ont pris du volume tout au long de la compétition. On pense
à Bonucci, défenseur pas tout le temps rassurant avec la Juventus
cette saison, mais qui a dégagé pendant l'Euro une troublante
sérénité derrière, nous délectant de sa qualité de relance. On
serait tenté de dire que l'Euro a profité aussi à Mario Balotelli.
Au fil des matchs son jeu, mais aussi son comportement, se sont
améliorés nettement. Comment affirmer cela ? Tout simplement parce
que le Balotelli d'avant Euro, trop impulsif, n'aurait sans doute pas
terminé le match d'hier soir contre l'Espagne. Décisif face à
l'Allemagne, SuperMario est entré plus que jamais dans le coeur des
Italiens et cela la peut être métamorphosé, lui qui ne demande
qu'à être aimé. Ses larmes à la fin du match contre l'Espagne
montre ô combien il est attaché au maillot des "bleus"
d'Italie.
L'apport
de Pirlo, Buffon ou autre De Rossi, leaders des azzurri et champions
du monde 2006, a été très important, et ils ont su mener cette
équipe très loin dans la compétition. En somme un subtil mélange,
réalisé de main de maître par Prandelli, entre expérience,
jeunesse mais aussi folie a été la recette d'une campagne
européenne réussie.
Et maintenant ?
Si
l'équipe s'est inclinée lourdement en finale de l'Euro, elle a
beaucoup progressé depuis deux ans. Ses performances plus que
satisfaisantes dans la compétition laissent entrevoir un
certain optimisme pour la prochaine coupe du monde au Brésil.
Mais
Prandelli a tempéré aujourd'hui en conférence de presse et sait
que le plus dure reste à accomplir. Il doit réussir à réformer le
football italien dans sa totalité, dont la mentalité est beaucoup
trop vieillissante. Force est de constater que les clubs italiens ne
font toujours pas confiance aux jeunes joueurs italiens et préfèrent
recruter des joueurs plus expérimentés, mais étrangers. Le mercato
débute à peine que déjà dix joueurs étrangers viendront
renforcer les clubs de Serie A. La plupart des joueurs de la
sélection espoir italienne, pourtant très prometteuse, évoluait
cette saison en Serie B ou cirait le banc des clubs du plus
haut niveau italien.
"Tout
le monde s'en fout de la nazionale" a affirmé le technicien
italien, se plaignant de la non collaboration des présidents de
clubs de Serie A. Ceux-ci s'opposent, en effet, à la mise en place
de stages de l'équipe nationale, que Prandelli souhaite organiser à
quelques occasions pendant la saison pour faire un suivi régulier
des joueurs. Mais Cesare peut compter sur certains entraîneurs comme
Antonio Conte ou encore Zeman qui s'appuient tout deux sur une base
de jeunes joueurs italiens qui ont fait le succès de leur équipe
respective cette saison (Juventus championne d'Italie et Pescara
promue en Serie A) et qui peuvent participer à une révolution du
football italien.
En
outre si la reconstruction de la Squadra
Azzurra a bien
avancé, elle est bien loin d'être terminée. Le temps presse,
puisque des piliers comme Pirlo et Buffon ne sont malheureusement pas
éternels et leur trouver des remplaçants ne sera pas une mince
affaire. La coupe des Confédérations (ou coupe en carton !), à
laquelle l'Italie participera l'année prochaine en qualité
de vice-championne d'Europe (l'Espagne y étant déjà qualifiée en
tant que championne du monde) rendra compte de l'état
d'avancement des Transalpins dans la préparation de la coupe du
monde 2014 (si bien sur elle s'y qualifie). Elle pourra se frotter à
de grandes nations du football et peut être déjà prendre sa
revanche face à l'Espagne.
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