2 juillet 2012

L'Espagne était trop forte...




Auteur d'un très bon Euro, l'Italie s'est pourtant inclinée lourdement face à l'Espagne en finale (défaite 4-0). La nazionale n'y était pas, émoussée par ses deux derniers matchs de très haut niveau face à l'Angleterre et à l'Allemagne. L'Espagne était plus forte hier, du gardien aux attaquants et c'est plus que logiquement qu'elle est parvenue à réaliser un triplé historique Euro/Coupe du monde/Euro. Pourtant, beaucoup de choses ne sont pas à jeter dans cette Squadra Azzurra qu'on ne donnait pas en finale avant le début de la compétition.




Un parcours en crescendo



C'est pleine de doutes que l'Italie entre dans l'Euro le 10 juin dernier. Battue sévèrement par la Russie en match de préparation (3-0), on ne donnait pas cher de la peau des Transalpins. Prandelli, qui s'appuyait jusque là sur un 4-3-1-2 avec un poste de "faux n°10" occupé par Montolivo, est obligé de changer dans l'urgence de système de jeu. Il opte pour un 3-5-2 calqué sur celui de la Juventus qui a fait succès cette saison. Le résultat est probant puisque l'équipe montre un tout autre visage lors de son premier match de la compétition face à...l'Espagne, passant même tout près de l'exploit (score final : 1-1). Les joueurs de la Juventus présents dans le onze de départ italien font tous bonne impression, même la surprise Giaccherini qui faisait son baptême du feu ce jour là.

La confiance semble retrouvée et c'est logiquement que le technicien italien reconduit son 3-5-2 face à la Croatie. Mais les joueurs des Balkans tiennent en échec les Italiens, qui menaient pourtant 1-0 après un sublime coup-franc de Pirlo (1-1). Lors du dernier match de poule, les Azzurri après avoir ouvert le score par l'intermédiaire de Cassano, souffrent face à une valeureuse équipe d'Irlande. Il faudra une inspiration de SuperMario Balotelli en fin de match et une victoire dans le même temps de l'Espagne face à la Croatie, pour sceller le sort des coéquipiers de Pirlo et propulser l'équipe vers les quarts de finale.

A ce stade de l'Euro, la nazionale est galvanisée et joue un football qui fait l'unanimité tout en repassant à un 4-3-1-2. Elle livre un match maîtrisé face à l'Angleterre, dont elle disposera après une séance de tir au but (0-0 ; 4-2 ap tab) et elle s'impose sans grand soucis face à l'Allemagne, qui n'aura que très peu existé durant la partie (2-1). L'Italie est rayonnante à l'image d'un Pirlo tout simplement somptueux, que les médias italiens voient déjà comme le futur Ballon d'Or 2012 et de Mario Balotelli, qui semble avoir franchi un cap en inscrivant un doublé face à la Mannschaft.

Malheureusement, arrivée pleine de certitudes mais aussi très fatiguée au stade de la finale de ce championnat d'Europe, l'Italie tombe sur plus forte qu'elle : une Espagne qui n'a pas fait un grand Euro mais qui est beaucoup plus fraîche que son homologue transalpin (trois jours de récupérations de différence sur l'ensemble de la compétition). Et cela suffit à faire la différence, puisque l'Espagne mène déjà 2-0 au bout de la 41e minute. La rencontre est pliée à la 61e minute lorsque Thiago Motta, qui vient d'entrer en jeu, se claque et laisse ses coéquipiers à dix, les trois changements de l'Italie étant déjà effectuées. Au final la Roja s'impose 4-0, score assez sévère. L'Italie n'aura rien pu faire : cette Espagne là était trop forte et un peu chanceuse, il faut le dire.



De l'expérience emmagasinée


Si l'on peut retenir un point positif c'est bien celui là. En effet dans cette sélection, onze joueurs, Balotelli en tête, disputaient leur première compétition internationale avec la sélection A et d'autres comme Marchisio, Montolivo ou encore Bonucci en étaient à leur deuxième avec l'équipe nationale. L'Euro aura donc été très utile en vue du mondial 2014 au Brésil, car rappelons le, les objectifs de Prandelli, qui a pris la tête de la nazionale en 2010, se tablent sur quatre ans et non deux ans.

Certains joueurs ont pris du volume tout au long de la compétition. On pense à Bonucci, défenseur pas tout le temps rassurant avec la Juventus cette saison, mais qui a dégagé pendant l'Euro une troublante sérénité derrière, nous délectant de sa qualité de relance. On serait tenté de dire que l'Euro a profité aussi à Mario Balotelli. Au fil des matchs son jeu, mais aussi son comportement, se sont améliorés nettement. Comment affirmer cela ? Tout simplement parce que le Balotelli d'avant Euro, trop impulsif, n'aurait sans doute pas terminé le match d'hier soir contre l'Espagne. Décisif face à l'Allemagne, SuperMario est entré plus que jamais dans le coeur des Italiens et cela la peut être métamorphosé, lui qui ne demande qu'à être aimé. Ses larmes à la fin du match contre l'Espagne montre ô combien il est attaché au maillot des "bleus" d'Italie.

L'apport de Pirlo, Buffon ou autre De Rossi, leaders des azzurri et champions du monde 2006, a été très important, et ils ont su mener cette équipe très loin dans la compétition. En somme un subtil mélange, réalisé de main de maître par Prandelli, entre expérience, jeunesse mais aussi folie a été la recette d'une campagne européenne réussie. 



Et maintenant ?


Si l'équipe s'est inclinée lourdement en finale de l'Euro, elle a beaucoup progressé depuis deux ans. Ses performances plus que satisfaisantes dans la compétition  laissent entrevoir un certain optimisme pour la prochaine coupe du monde au Brésil.

 Mais Prandelli a tempéré aujourd'hui en conférence de presse et sait que le plus dure reste à accomplir. Il doit réussir à réformer le football italien dans sa totalité, dont la mentalité est beaucoup trop vieillissante. Force est de constater que les clubs italiens ne font toujours pas confiance aux jeunes joueurs italiens et préfèrent recruter des joueurs plus expérimentés, mais étrangers. Le mercato débute à peine que déjà dix joueurs étrangers viendront renforcer les clubs de Serie A. La plupart des joueurs de la sélection espoir italienne, pourtant très prometteuse, évoluait cette saison en Serie B ou cirait le banc des clubs du plus haut niveau italien. 

"Tout le monde s'en fout de la nazionale" a affirmé le technicien italien, se plaignant de la non collaboration des présidents de clubs de Serie A. Ceux-ci s'opposent, en effet, à la mise en place de stages de l'équipe nationale, que Prandelli souhaite organiser à quelques occasions pendant la saison pour faire un suivi régulier des joueurs. Mais Cesare peut compter sur certains entraîneurs comme Antonio Conte ou encore Zeman qui s'appuient tout deux sur une base de jeunes joueurs italiens qui ont fait le succès de leur équipe respective cette saison (Juventus championne d'Italie et Pescara promue en Serie A) et qui peuvent participer à une révolution du football italien.

En outre si la reconstruction de la Squadra Azzurra a bien avancé, elle est bien loin d'être terminée. Le temps presse, puisque des piliers comme Pirlo et Buffon ne sont malheureusement pas éternels et leur trouver des remplaçants ne sera pas une mince affaire. La coupe des Confédérations (ou coupe en carton !), à laquelle l'Italie participera l'année prochaine en qualité de vice-championne d'Europe (l'Espagne y étant déjà qualifiée en tant que championne du monde) rendra compte de l'état d'avancement des Transalpins dans la préparation de la coupe du monde 2014 (si bien sur elle s'y qualifie). Elle pourra se frotter à de grandes nations du football et peut être déjà prendre sa revanche face à l'Espagne. 







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