30 juin 2012

Deux pointes pour un trophée


A l'heure où les plus grands se passent de véritables attaquants, Cesare Prandelli fait figure d'extraterrestre en alignant non pas un, mais deux joueurs à la pointe de son attaque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la paire Antonio Cassano-Mario Balotelli est une des révélations de cet Euro. Pourtant, ni l'un ni l'autre ont faillit ne pas disputer la compétition. Portraits des deux barges.


Pour mieux comprendre les deux hommes, il faut remonter à l'enfance. Celle de Super Mario est bien connue. Né au beau milieu de l'été 1990 à Palerme, ses parents, deux immigrants ghanéens, vivaient alors dans des conditions plus que précaires. Rapidement, il dut faire de plus face à de graves problèmes de santé, poussant ses parents à le faire adopter, à l'âge de trois ans, afin qu'il puisse espérer une enfance heureuse. Sa famille biologique, il en entendra à nouveau parler qu'en 2008, alors qu'il était en train de s'imposer à l'Inter Milan, et Mario les accusa de ne rechercher qu'à partager sa célébrité ... Quant à Cassano, de huit ans son aîné, ses jeunes années ne furent guère plus heureuses. Un père absent, des difficultés à boucler les fins de mois jusqu'à manquer de nourriture, le football faisait alors figure de véritable échappatoire à la douleur quotidienne du jeune Antonio. Talents précoces, ce sont tous les deux à 17 ans qu'ils perceront, respectivement à l'Inter Milan et à Bari.

En 2001, à 19 ans, Cassano est transféré pour près de 28M d'euros à l'AS Rome, afin de franchir un palier supplémentaire dans la grande carrière qu'on lui annonce. Cinq saisons et 72 buts plus tard, le fort tempérament d'Antonio  et  ses rapports compliqués avec Luigi del Neri et Francesco Totti commencent à déteindre sur ses performances sportives. La punition ? Il rejoint à l'hiver 2006 le Real Madrid et ses galactiques, épisode qui demeure son plus gros échec. En surpoids (son surnom deviendra rapidement "el gordito", le petit gros), il manque de temps de jeu et se brouille avec son ancien mentor, Fabio Capello. Plusieurs fois mis à l'écart, il est finalement prêté en août 2007 à la Sampdoria. Du côté de Gênes, il retrouve petit à petit son niveau, s'impose dans le coeur des supporters, et revient même en sélection à l'occasion de l'Euro 2008. Transféré définitivement en mai de la même année, alors sur la pente ascendante, il est accusé quelques mois plus tard d'avoir insulté son président, ses excuses resteront vaines et il est prié de quitter le club ... Le Milan AC sautera alors sur l'occasion. D'abord joker de luxe, il s'impose progressivement lors de la dernière saison, jusqu'à ce terrible mois de novembre 2011, où après avoir été victime d'un AVC, on lui détecte une malformation cardiaque. Opéré, on craignait pour sa vie, et pour sa carrière, et pourtant, le 18 juin 2012, c'est lui qui ouvre le score dans le match décisif du groupe C de l'Euro contre l'Irlande. "Antonio est le mélange génie et folie" déclarait Capello en 2010, une définition qui collerait parfaitement à un autre ...

Les frasques de Balotelli, l'autre enfant terrible, même s'il est bien plus jeune que Cassano, sont elles beaucoup plus connues. Nonchalant et peu impliqué du côté de l'Inter Milan, il fut rapidement mis à l'écart par José Mourinho. Mais c'est hors du terrain qu'il se fit connaitre. En Italie, il aura (entre autres) arboré un maillot de l'ennemi juré du Milan AC pendant un show télé, tenté de s'introduire dans une prison pour femmes et suspecté d'avoir des liens avec la mafia napolitaine, pour ne retenir que les meilleures. En Angleterre, à Manchester, il franchit une étape supplémentaire dans la connerie : 27 contraventions sur l'année 2010-2011, un spectacle pyrotechnique dans sa salle de bain, des nuits dans des bars à strip tease la veille de matchs décisifs, des partis de fléchettes avec des juniors comme cibles... Sanguin, il est l'un des attaquants les plus sanctionnés d'Europe, y compris sur le pré. Et pourtant, il parait parfois bien modeste et généreux, régulièrement repéré dans les pizzerias et bars des quartiers populaires de Manchester, ou offrant 1000 euros à un SDF ... Atypique à la Cantonna, il a tout pour se faire aimer de l'autre côté de la Manche, surtout après sa passe décisive au mois de mai offrant le titre à City. Cet Euro pourrait bien lui donner une aura supplémentaire, cette fois ci de l'autre coté des Alpes.

Côté sélection, les deux ont en effet également une longue et difficile histoire. Depuis son dépucelage international en 2003, Cassano ne compte qu'une vingtaine de sélections. Lippi et Donadoni avaient successivement fait un trait sur un joueur jugé trop irrégulier et réputé pour son mauvais caractère. Prandelli tentera le coup, souhaitant en faire un pilier de son équipe : "Je connais Antonio, c’est quelqu’un qui peut abattre une montagne. Il sortira plus fort de cette épreuve. Quant à moi, je l’attends pour l’Euro", déclarait il ainsi au lendemain de son AVC, une confiance sans faille. Quant à Balotelli, l'ancien entraîneur de la Fiorentina avait songé à s'en passer compte tenu de son mauvais comportement avec City. Lui qui a refusé à plusieurs reprise de rejoindre la sélection du Ghana a porté pour la première fois le maillot de la Nazionale à l'été 2010 lors d'un obscur match amical contre la Côte d'Ivoire, et ne cesse les déclarations d'amour à son pays. Et sa performance éblouissante contre l'Allemagne en a déjà fait un des chouchous du public transalpin. L'Espagne est prévenue.

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Frank Ribéry approuve cette blague

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