28 juin 2012

La classe a un nom : Pirlo !


En grande forme depuis le début de l’Euro, le « leader silencieux » de la squadra azzurra comme l’a nommé un certain Marcello Lippi a pourtant fait beaucoup de bruit en illuminant de son génie « pirlesque » le quart de final face à l’Angleterre. Les témoignages d’admirations affluent sur Twitter après sa sublime panenka face à un Joe Hart déchaîné : Piqué, Owen, Xavi et autre Dzeko, tous lui ont accordé leurs compliments. La presse européenne (hors italienne) est euphorique, comme si l’on venait de découvrir que ce joueur au talent inouï existait. Pourtant à 33 ans, le stratège italien a tout gagné, du championnat de la Serie A à la coupe du monde en passant par la Ligue des Champions. Seule la distinction personnelle du ballon d’or manque à son tableau de chasse et on est en droit de se demander pourquoi, puisque Pirlo c’est quand même la grande classe !



Après une saison 2010/2011 en demi-teinte, ponctuée par des blessures et un temps de jeu réduit, Pirlo décide de mettre fin à son aventure avec le Milan AC, club qu’il avait rejoint en 2001. Avec les rossoneri, le natif de Flero a tout gagné : deux scudetti (2004 et 2011), une coupe d’Italie (2003), deux titres en Ligue des Champions (2003 et 2007), deux supercoupes européennes (2007) et un mondial des clubs. On pense assez légitimement que ses belles années sont derrière lui, mais c’est mal connaître Pirlo. Il s’engage à titre gratuit avec la Juventus qui vient d’enrôler comme coach un certain Antonio Conte. Le projet ambitieux de la Vieille Dame, qui sort de deux années de disettes sportives, le séduit, lui qui aime les défis.

Et la nature - enfin le terrain - a fait le reste : le phénix italien que l’on croyait mort renaît de ses cendres. Et cette renaissance saute aux yeux d’ailleurs dès le premier match de la saison de la Juventus face à Parme (victoire 4-1) où Pirlo délivre deux passes décisives, dont une somptueuse pour Lichtsteiner qui ouvre les compteurs de buts turinois. Antonio Conte lui donne les clefs de l’équipe et Pirlo va vite former avec ses nouveaux coéquipiers du milieu de terrain, Marchisio et Vidal, une des meilleures lignes d’Europe. La suite ? Un vrai chef d’œuvre. Le neo-juventino participe au retour de la Juventus sur le devant de la scène. Il ne ratera qu’un seul match cette saison (pour suspension) au sein d’une équipe qui restera invaincue pendant les 38 journées de l’exercice 2011/2012 et qui atteindra la finale de la coupe d’Italie. Don Andrea se montre en grande forme et ne se blesse pas pendant cette longue et éprouvante saison où il distille pas moins de 13 passes décisives et trouve le chemin des filets à trois reprises. Et c'est donc logiquement que le fantasque italien devient l’une des idoles des tifosi de la Juve, lui qui vient pourtant du club ennemi de Milan, qui luttera dans une course haletante avec la Vieille Dame jusqu’à l’avant dernière journée du championnat.

Emoussé par la saison qu’il vient d’accomplir, Pirlo se dirige donc avec ses 22 autres coéquipiers, vers le centre sportif de Corveciano, le « Clairefontaine italien » pour préparer l’Euro. La préparation de la Nazionale est dérangée par une série d’évènements des plus malheureux. D’abord l’affaire Calcioscomesse, qui touche surtout les championnats de divisions inférieures en Italie mais aussi quelques matchs de Serie A. Et d’ailleurs certains joueurs de la Squadra Azzurra sont inculpés dans l’affaire, l’un d’entre eux, Criscito, étant même contraint de quitter les siens pour se mettre à disposition de la justice italienne. Le deuxième évènement, encore plus malheureux, c’est le tremblement de terre qui a secoué la région d’Emilie-Romagne et qui a fait plus d’une dizaine de mort, contraignant la fédération italienne de football, la FIGC, a annuler l’un des deux matchs de préparation pour l’Euro face au Luxembourg.

Lors de son seul match amical avant le début de la compétition, les coéquipiers de Pirlo paient une préparation tronquée et s’incline largement face à la Russie (3-0). Le pire est donc présagé pour l’Italie. Mais c’est quand elle est à terre que l’Italie est la plus dangereuse. Pour le premier match de poules face à l’Espagne, Prandelli opte pour un calque du 3-5-2 de la Juventus qui a fait des ravages en Serie A. Le sélectionneur italien profite des automatismes des turinois de la Nazionale (7 joueurs) et Pirlo redevient resplendissant. Il survole le match et offre plusieurs caviars dont l’un sera transformé par Di Natale, dans un match splendide qui se solde par un nul (1-1). Pirlo est le symbole d’une équipe d’Italie nouvelle qui se projette vers l’avant, qui fait le jeu et qui séduit. Andrea fait un grand Euro, sauf peut être face à l’Irlande où il paraît fatigué. Normal quand on a joué plus de cinquante matchs dans la saison, à 33 ans, et ce sans être quasiment jamais remplacé. Le génie, auteur d’un coup-franc somptueux face à la Croatie(1-1), transcende l’Italie qui se qualifie pour les demi-finales face à l’Angleterre, dans un match que les spécialistes considèrent comme le plus beau de l’Euro (0-0 ; 4-2 ap. tab). Et quoi de plus beau que de transformer son tir au but, par une panenka millimétrique, calmant les ardeurs des Anglais, pourtant en tête à ce moment là des tirs au but.

Tout le monde s’interroge de savoir qui de Leo Messi ou de Cristiano Ronaldo remportera le Ballon d’Or 2012. Et si Pirlo était le troisième homme ? Cette question qui aurait pu paraître absurde, il y a encore quelques temps, est plus que légitime aujourd’hui. Auteur d’une saison et d’un Euro fantastique jusque là, l’Italien séduit les plus grands, qui ne tarissent pas d’éloges à son égard. Si l’Italie va au bout de l’Euro, Pirlo peut s’imposer comme la surprise du Ballon d’Or 2012. Et ce ne serait pas volé, tant sa justesse technique et surtout sa classe illuminent le football européen. Seul bémol, il n’a pas disputé la Ligue des Champions cette année, la Juventus n’y étant pas qualifiée, et cela pourrait peser fort dans la balance au final, même si ni Messi ni CR7 n'ont soulevé le trophée. Mais le récompenser d’une telle distinction, serait l’occasion de remercier un joueur irréprochable dans le comportement, auteur d’une grande carrière, un joueur qui nous réconcilie avec le football au moment où d’autres préfèrent insulter les arbitres, les journalistes et manquer de respect à leur sélectionneur (on donnera pas de nom).

1 commentaire:

  1. C'est dingue, je n'aime pas le foot à la base, mais un de mes collègues a réussi à me refiler sa fièvre pour l'équipe d'Italie..... On croise les doigts pour cette finale, et peu importe l'issue, il faut saluer le spectacle que cette équipe d'Italie nous a offert !!!
    Signé le topone :D

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