Quel est le point commun entre Rachida Dati, Nicolas Bedos et Raymond Domenech ? Depuis un peu moins d'une semaine, la député européenne, le metteur en scène et l'ancien sélectionneur de l'Equipe de France ont tous les trois signé une chronique dans le Huffington Post tout juste débarqué dans l'hexagone. Sa rédactrice en chef, Anne Sinclair, cherchait de nouveaux contributeurs, et qui de mieux que l'un des hommes les plus détesté du football français pour tenir une chronique sportive ?
Même s'il n'est plus sur un banc de touche, Domenech continue de faire le buzz à chaque nouvelle sortie médiatique. Son inscription au Pôle Emploi du XVe arrondissement de Paris, sa publicité pour Bwin, ses cris de colère dans une émission plutôt pourrie de France Télévision (pléonasme) ou encore sa signature en tant que technicien dans le plus grand club du monde (l'Athletic Club de Boulogne Billancourt) avaient largement tourné sur le net et dans l'ensemble des médias français. Chroniqueur et consultant sur Ma Chaine Foot depuis le début de l'année, et désormais au Huffington Post, le Lyonnais se fait de plus en plus présent dans les médias, qui paradoxalement l'avaient descendu pendant ses six années à la tête de l'équipe nationale. Une autre vision du foot qui ne peux que plaire face aux stéréotypes évoqués par de nombreux analystes.
Et quoi de mieux pour le sélectionneur le plus contesté de l'histoire du football français que de signer une première tribune sur l'actuel technicien des Bleus et sur son éventuelle prolongation de contrat. Ironie du sort, sa première publication a pour titre "Comment éviter les relents du passé ?", et l'ancien sélectionneur précise dès le premier paragraphe "Comment pour ce premier post ne pas être qualifié d'infâme provocateur tout en répondant positivement à l'obligation morale de livrer un texte avec de la tenue". Si Domenech ne fut pas un excellent sélectionneur, il reste surement l'un des hommes les mieux placé pour évoquer le football français qu'il a pu connaitre (subir ?) pendant toutes ces années. Il a personnellement "vécu cette situation, un jour pas si lointain." Le retour en grâce de Ray dans les médias est à mon avis une bonne chose afin d'apporter une vision différente, celle d'un homme qui n'a jamais eu pour objectif de devenir consultant à la fin de sa carrière comme ce fut le cas pour un Christophe Dugarry ou Emmanuel Petit, et qui pour couronner le tout s'est rapidement mis à dos tous ces médias qui jouent un rôle considérable dans le paysage du football français.
Dans ce premier post, Domenech refait rapidement l'histoire des sélectionneurs depuis le sacre d'Aimé Jacquet jusqu'à sa chute. Que l'équipe gagne ou ne gagne pas, cela ne définit que rarement le sort du sélectionneur, les exemples à l'étranger l'illustrent parfaitement : Joachim Low dure à la tête de la sélection allemande alors qu'il n'a pourtant rien gagné. Mais ce que l'ancien technicien oublie, c'est la manière dont joue l'équipe compte beaucoup, quelques soient les résultats. Pendant six années, le jeu de l'équipe de France fut chiant à mourir et les perspectives de l'améliorer aussi loin que donner les clés du jeu à Alou Diarra , alors que l'Allemagne - par exemple - joue surement un des jeux les plus alléchant au monde avec une équipe en devenir. En France, la situation n'était pas bonne et l'avenir loin d'être brillant. Toutefois, il insiste également sur un point crucial : que l'on sache si le sélectionneur parte ou non à l'issu de la compétition n'a pas d'influence sur le résultat final, comme l'ont montré les cas d'Aimé Jacquet (champion du monde 1998) et de Jacques Santini (sorti en quart de l'Euro 2004).
Simplement, Ray pèse le pour et le contre de la prolongation du sélectionneur français avant la compétition. L'un de ses arguments contre est particulièrement intéressant : "Je dirais que le pouvoir d'un sélectionneur est nettement plus important quand les joueurs ne connaissent pas l'avenir de leur patron. Ils sont tellement fragiles ou manipulateurs qu'il vaut mieux éviter les parasitages". Peut-on y voir une allusion au dernier Mondial ? Laurent Blanc ayant été nommé avant la compétition, Domenech avait été lui même lâché par plusieurs joueurs cadres (Anelka, Evra ...). Mais l'ancien sélectionneur relativise rapidement sur le mauvais esprit de certains joueurs, en accusant - comme c'est souvent le cas - leur entourage et les médias qui déforment leurs visions sur l'attitude à tenir. De toute manière, quoi qu'il arrive, l'équipe de France continuera de jouer après l'Euro.
Mais les arguments contre une prolongation avant la compétition sont toutefois beaucoup plus nombreux. Pour l'ancien technicien, il faut que le sélectionneur se remette constamment en question et donc qu'il soit sous pression pendant toute la compétition pour obtenir le meilleur de lui même et de ses joueurs. L'usure du pouvoir, les péripéties de la FFF et surtout l'obligation de résultats ... Tous ces points font d'une prolongation éventuelle de Laurent Blanc à l'issue de la compétition un choix plus logique selon lui, en fonction des performances des Bleus. Finalement, l'ancien sélectionneur propose même une solution qui aurait du être faite à l'issue de l'Euro 2008 : "Une prolongation de deux ans assortie d'une clause de résultat sportive. Soit l'équipe de France se qualifie pour les demi-finales et le contrat se poursuit logiquement. Soit l'objectif n'est pas atteint et la fédération garde le droit de dire stop ou encore". Ajouté à cela, il serait intéressant que cette clause ne soit pas divulguer aux médias, et donc aux joueurs, afin de tirer le meilleurs d'eux mêmes.
Raymond l'affirme "Notez bien que je m'exprime comme observateur et que je ne reviens pas sur le passé", mais quoiqu'il arrive son expérience pèse sur ses analyses, sans que cela ne les rende toutefois mauvaises.
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