9 novembre 2012

Arsenal, club sans ambitions ?


Le 21 mai 2005, en fin d'après midi, dans la tiédeur du Millenium Stadium de Cardiff, Patrick Vierra, le capitaine d'Arsenal, marquait le tir au but décisif d'une finale de Coupe d'Angleterre où les Gunners réalisait un hold up parfait devant le Manchester United de Cristiano Ronaldo. Personne ne se doutait alors de la longue disette qui allait suivre ... 




Rien depuis plus de sept ans
Martin Jol, le coach de Fulham, qui se déplace samedi à l'Emirates, y est allé de son intervention en déclarant que les supportes des Gunners ne pouvaient pas s'attendre à remporter des trophées régulièrement "Sept ans ? Ça fait une longue période ..." rajoute l'ancien manager général de Tottenham. Comme si l'absence de titre à Arsenal était devenu l'un de meilleurs running gags de Premier League. Après la défaite de la semaine dernière devant Manchester United (2-1), Tony Adams, capitaine emblématique des rouges et blanc pendant près de 15 ans, révélait qu'il voyait difficilement les hommes d'Arsene Wenger se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions. Surtout cette défaite fut d'autant plus symptomatique qu'elle fut principalement l'oeuvre de Robin van Persie, l'ancien gunner passé à l'ennemi en toute fin de mercato, comme un symbole de la fuite des talents sur les bords de la Tamise ces dernières années. En ce mois de novembre 2012, septième de Premier League à déjà 9 points du leader United, les londoniens ont déjà probablement dit adieu à un titre de champion qui le fuit depuis 2004.

Deuxième de son groupe en  C1, et encore miraculeusement en course pour la Coupe de la Ligue, les Gunners ne rassurent sur un aucun tableau. Lors de la dernière réunion des actionnaires, Arsene Wenger a ouvertement déclaré préférer la qualification en Ligue des Champions à une victoire en Coupe. Et pourtant, cela soulagerait considérablement les supporters des Gunners, mais aussi l'ensemble du club ... Remodelé tous les ans, le groupe manque de vécu. Une victoire en Coupe, au moins pourrait cimenter un groupe qui en a grandement besoin, surement davantage en tout cas qu'une phase de poule tranquille en Ligue des Champions avant de se faire éliminer nettement en huitième ou en quart.


L'incompréhension des anciens
Une politique tournée vers la formation ne peut être que louable, mais lorsque les jeunes quittent le nid alors qu'ils viennent d'arriver à maturité, les critiques fusent. "Tu dois garder tes meilleurs joueurs, et ces dernières années, nous les avons laissé partir un peu trop facilement" laissait ainsi entendre Tony Adams. Comment ne pas penser à tous ces piliers qui ont quitté Londres ces dernières années ? Cesc Fabregas, Samir Nasri, Robin Van Persie, Alexandre Song, et peut être bientôt Theo Walcott et Bakary Sagna. Adams pointe notamment du doigt la tendance du club à ne renouveler ses stars que dans leur dernière année de contrat, attirant par la même occasion nombres de concurrents prêts à sauter sur l'occasion d'un joueur libre en fin de saison.

En février, dans une interview au Telegraph, Dennis Bergkamp, du haut de ses 121 buts sous le maillot d'Arsenal, flinguait la politique du club qu'il considère comme prévisible, faible, et manquant d'une indispensable mentalité de gagnant. Comme Adams, il regrette le manque d'un joueur à fort caractère pour mener l'équipe vers les sommets. C'est ainsi là que résidait en début d'année tout l'intérêt du retour de Thierry Henry sur les bords de la Tamise. Les Gunners disposent certes de très bon joueurs, mais il manque encore des tauliers. Entre les jeunes appelés à un grand avenir (Wilshere, Ramsey, Oxlade-Chamberlain ...) et les plus expérimentés qui ne figurent pas parmi les meilleurs joueurs au monde pour autant (Cazorla, Podolski, Giroud ...), il manque à Arsenal ces joueurs capables de faire la différence comme l'étaient Henry, Bergkamp, Pirès ou Vieira. D'autant plus que les pistes d'Arsenal pour le prochain mercato (Adel Taarabt, Wilfried Zaha) ne vendent toujours pas du rêve ...


Wait and see
Mais le technicien alsacien n'est pas le seul homme à diriger Arsenal et a être sous le feu des critiques. Il y a deux semaines, l'actionnaire majoritaire du club, l'homme d'affaire américain Stan Kroenke, a pris cher pour son grade lors de l'assemblée général des actionnaires. Les supporters des Gunners lui reprochent notamment  de mener une politique plus axée sur le profit que sur les performances sportives. Réponse du principal intéressé via un communiqué publié sur le site du club "Je peux vous assurer que personne n'est plus ambitieux que moi".

Pour Ivan Gazidis, le directeur général des Gunners, le modèle d'affaires du club réussira une fois qu'il aura traversé cette période difficile. En homme d'affaire avisé, il se donne deux ans pour réussir tout en pariant notamment sur la mise en place du fair play financier pour faire fructifier tous les efforts d'Arsenal. "Le paysage du football se déplace dans notre direction", comme si le club n'aurait qu'à attendre pour retrouver les trophées. Seul point noir, ce même Gazidis est encore sceptique sur l'application de cette mesure phare de Michel Platini à la tête de l'UEFA, les moyens de la contourner étant nombreuses. Mais Arsenal n'est pas pour autant un club sans ambitions (en même temps, qui n'en a pas ?), juste un club qui ne se donne pas tous les moyens pour réussir dans le monde du football actuel. Avec un modèle qui semble avoir fait son temps, reste à savoir si le fair play financier changera réellement les choses. Si oui, alors il faudra compter sur Arsenal pendant de nombreuses années.


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